Le clap, c’est un peu l’emblème du tournage. Même les gens qui n’ont jamais mis les pieds sur un plateau savent à quoi ça ressemble. Une planchette, un clac, et on crie “action”. Mais à quoi il sert vraiment, ce fameux clap ?
Un peu d’histoire
Pour comprendre l’utilité du clap, il faut remonter à une époque où le cinéma ne faisait pas encore de bruit. Littéralement. À l’ère du muet, pas de dialogues enregistrés, pas de prises de son, juste l’image. À cette époque, on utilisait une ardoise, posée devant la caméra en début de plan. Dessus, on inscrivait quelques infos essentielles :
- le titre du film
- le numéro de la scène ou de la prise
- la date du tournage
- et parfois, s’il faisait jour ou nuit (pas si évident à voir en noir et blanc)
Pas besoin de synchronisation entre le son et l’image à ce moment-là. L’ardoise servait uniquement à guider le montage en identifiant les plans.
Mais avec l’arrivée du cinéma parlant, tout a changé. L’image était toujours filmée par la caméra, mais le son, lui, était capté séparément, souvent par une équipe dédiée. Il fallait donc synchroniser les deux sources pour éviter des dialogues décalés d’une demi-seconde. Ce qui, à l’écran, est franchement insupportable.
C’est à ce moment-là qu’un ingénieur du son a eu une idée brillante : fixer une clapette articulée en haut de l’ardoise. En la claquant, on obtenait un pic sonore très identifiable, et une image visuelle de ce moment précis. Aligner les deux devenaient alors un jeu d’enfant.
Le clap moderne était né : à la fois repère visuel et sonore. Un outil simple, mais révolutionnaire.
Le rôle du clap sur un tournage
Aujourd’hui encore, le clap conserve exactement cette fonction. Sur la grande majorité des tournages, l’image et le son sont toujours captés séparément. Le perchman enregistre les voix avec sa bonette, pendant que la caméra filme les comédiens. Et plus tard, en post-prod, quelqu’un devra recoller les morceaux. Ce quelqu’un, le monteur, bénit chaque clap qui lui simplifie la vie.
Quand le clap tombe, il produit un son net et court, repérable dans la forme d’onde audio. Et visuellement, on voit très précisément le moment où la clapette se referme. C’est le point de rencontre parfait pour caler image et son au millimètre.
Mais le clap, ce n’est pas que ça. C’est aussi le panneau de signalisation du plateau. On y écrit :
- le nom du projet
- la scène
- la prise
- la date
- le nom du réalisateur, du chef op, parfois même les conditions météo
Autant dire que pour s’y retrouver dans des centaines d’heures de rushs, le clap devient vite un outil indispensable de toute l’équipe image et son.
Claper, un vrai savoir-faire
Et puis il y a le geste. Claper, c’est tout un art. Le 2e assistant caméra, souvent en charge de cette noble tâche, doit le faire avec précision : pas trop haut, pas trop bas, bien droit, lisible, pas trop mou, mais pas trop violent non plus. Certains tournent le clap en muet, sans bruit, juste pour l’image. D’autres l’utilisent avec timecode pour synchroniser automatiquement. Et parfois, il y a même des claps électroniques, avec écran LED intégré. Mais rien ne vaut le bon vieux clap en bois qui claque bien fort !
Lors des tournages de films ou de témoignages vidéo de Maître Chat, nous utilisons très souvent un simple clap de main en guise de clap de synchronisation. Pourquoi ? Parce que nous sommes la plupart du temps en déplacement chez le client, avec un matériel volontairement allégé pour rester mobiles et efficaces. Cette méthode fonctionne parfaitement aussi !
C’est ça le clap : un outil technique qui garde une part de rituel. Il marque un début, une intention, une organisation. Il fait le lien entre le plateau et la salle de montage. Il est à la fois outil de travail, mémoire du tournage, et véritable totem de cinéma. On en offre à la fin des tournages, parfois gravés, parfois signés. Il finit sur des étagères, dans des vitrines, ou dans des boîtes de souvenirs.
Alors la prochaine fois que vous voyez un clap dans un making-of ou un docu « behind the scenes » d’un film, souvenez-vous que ce n’est pas juste un accessoire. C’est peut-être le plus petit des chefs d’orchestre !